La distillerie Bunnahabhain, perchée sur la côte nord-est d’Islay, est l’une des plus anciennes de l’île ; elle est fondée en 1881 par William Robertson, en partenariat avec les frères Greenlees.

Son nom gaélique, Bun na h-Abhainne, la "bouche de la rivière", souligne l’importance de la source Margadale dans son approvisionnement en eau.

Contrairement à la majorité des malts d’Islay, son style s’est longtemps distingué par un caractère peu tourbé, destiné en grande partie à des blends comme The Famous Grouse, Cutty Sark et Black Bottle.

Après plusieurs phases de fermeture au XXᵉ siècle et des changements de gestion, Burn Stewart puis Distell ont relancé son potentiel, tant en volume qu’en reconnaissance internationale.

Fondation de la distillerie

Bunnahabhain a été choisie en 1881 pour l’implantation de la distillerie par William Robertson, alors dirigeant de Robertson & Baxter, et James et William Greenlees, sous l’égide de l’Islay Distillery Company.

Le site, situé près de Port Askaig, offrait un accès par la mer pour l’acheminement de l’orge et l’exportation du whisky, tout en étant abrité des intempéries de l’Atlantique. La construction a nécessité l’édification simultanée de logements pour les ouvriers, d’une route et d’un quai, pour un coût de £30 000 (équivalent à environ £2,6 millions aujourd’hui).

Les premières cuvées ont été distillées en 1883, marquant le lancement officiel de la production. Dès l’origine, le single malt était pour rappel destiné à l’assemblage plutôt qu’à la mise en bouteille.

Évolution et innovations techniques

Approvisionnement en eau et style léger

L’eau pure utilisée par Bunnahabhain provient de la Margadale Spring, acheminée via une conduite souterraine, tandis que le refroidissement s’appuie sur les eaux de Loch Staoisha.

Avec un malt non tourbé oscillant autour de 2 ppm, le style originel, peu fumé, s’est affirmé comme l’un des plus doux d’Islay.

Depuis les années 1960, près de 20 % de la production est à nouveau fortement tourbée, notamment pour la gamme Toiteach, réintroduisant les notes fumées traditionnelles.

Expansion et modernisation

La forte demande des années 1960 a conduit à l’ajout de deux alambics supplémentaires en 1963, doublant la capacité de distillation, tandis que le maltage au sol fut abandonné au profit d'un approvisionnement plus global et maîtrisé.

Cette période marque un tournant technique et qualitatif, renforçant la réputation de la distillerie auprès des négociants et amateurs de malts doux.

Aujourd'hui, sous la direction de Brendan McCarron, le maître distillateur de Bunnahabhain, la distillerie a investi dans des équipements à la pointe de la technologie.

Le mashtun de la distillerie est l’un des plus grands d'Écosse, capable de contenir jusqu'à 15 tonnes de moût.

Chaque semaine, Bunnahabhain en produit 13 à 14 tonnes, ce qui permet de créer des lots volumineux et de garantir une production régulière.

Les alambics de Bunnahabhain, vastes et spécialement conçus pour le reflux, jouent un rôle évident dans le goût du distillat.

McCarron insiste sur le fait que la distillation est lente et manuelle, ce qui permet de garantir la qualité et de préserver la complexité des arômes.

Périodes de fermeture et renaissance

Crises du XXᵉ siècle

Comme beaucoup de distilleries, Bunnahabhain a connu des périodes de fermeture. La première date de 1930, interrompant la production plusieurs années durant. Plus tard, un retournement de marché a entraîné une mise en sommeil en 1982, suivie d’une remise en activité à faible cadence dès 1984, avant de renouer progressivement avec la commercialisation sous l’étiquette "The unpronounceable malt".

Dotée d’une capacité théorique de 2,7 millions de litres par an, la distillerie n’exploite toutefois qu’environ 1,5 million de litres, préservant son caractère artisanal.

Changements de propriétaires et relances

En 1887, l’Islay Distillery Company fusionne avec William Grant & Co pour former Highland Distillers, initiant une longue période sous l’égide de The Edrington Group. Un siècle plus tard en 2003, Edrington vend Bunnahabhain à Burn Stewart pour £10 millions, transaction conclue sous l’égide de CL Financial avant son effondrement en 2009.

En 2013, Distell acquiert Burn Stewart, injectant de nouveaux capitaux et modernisant l’image de la distillerie. Un plan d’investissement de £11 millions est annoncé en 2017, suivi d’un programme de rénovation entre 2019 et 2022 visant à transformer Bunnahabhain en "world-class whisky destination".

Caractéristiques du style Bunnahabhain

Le single malt Bunnahabhain se caractérise par une faible tourbe, des notes salines et iodées héritées de sa proximité maritime, et une richesse apportée par le vieillissement en fûts de sherry. Les versions tourbées, telles que Toiteach, ajoutent une dimension fumée marquée, contrastant avec la douceur typique de la maison.

Outre sa gamme classique, la distillerie propose des éditions limitées et des millésimes rares, dont certaines séries indépendantes valorisent des fûts uniques. La diversité des finitions (oloroso, porto, canasta) permet d’explorer différentes facettes de sa palette aromatique.

Notre sélection

Bunnahabhain 12 ans Cask Strength

Récemment, Bunnahabhain a lancé une édition spéciale de son whisky de 12 ans en version Cask Strength, répondant ainsi à une demande croissante de la part des amateurs de whisky brut de fût. Cette version, avec son profil de saveur intensifié, offre des notes de chocolat et de fruits rouges, et a été un immense succès, se vendant en seulement quelques heures après son lancement.

Embouteillé brut de fût à 54–57 %, ce 12 ans révèle une intensité maritime renforcée par la concentration alcoolique. Les arômes d’algues fraîches et de biscuits beurrés évoluent sur un final poivré, idéale pour les puristes.

Bunnahabhain 18 ans


Âgé 18 ans en fûts de premier remplissage, il offre un équilibre complexe entre la douceur caramel, les épices douces (cannelle, muscade) et une subtile note d’agrumes confits. À servir légèrement rafraîchi pour libérer ses nuances. un nez riche en fruits secs (raisins, figues) et un palais opulent où les tanins de sherry apportent longueur et structure

Bunnahabhain 1997 Moine

Millésime 1997, finition moine : une rareté. Notes de cerise noire, de sous-bois et de cacao amer se mêlent à une pointe saline. Accessible uniquement en éditions très limitées.

Bunnahabhain 25 ans

Cinq lustres de vieillissement en ex-sherry et ex-bourbon, équilibrant la vanille profonde, le chocolat noir et une touche de tourbe résiduelle. Un chef-d’œuvre de maturité offrant un final soyeux.

Bunnahabhain 30 ans

Cette expression patrimoniale révèle un profil raffiné : notes de cuir, terre humifère et fruits confits, avec une complexité accrue par des micro-oxygénations longues. À déguster en petite quantité.

Bunnahabhain 36 ans Canasta Finish

Édition ultra-limitée, terminée en fûts de canasta (Xérès espagnol), elle exhale des arômes exotiques d’ananas, de mangue et d’épices douces, sur fond iodé. Un collector pour connaisseurs.